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Et pourquoi pas, dis ?
14 janvier 2015

Charlie et mes filles

Avec mes filles d'âges si différents, il a fallu trouver les mots. Des mots adaptés, mais des mots quand-même. Je ne pouvais pas ne pas en parler, il me semble.
Je ne parle pas ici de Maïté, qui -du haut de ses 2 bougies- est un peu "épargnée" par toute cette histoire.

À Anita, j'ai dit que des monsieurs très méchants avaient tués des gens parce qu'ils n'aimaient pas leurs dessins. J'ai parlé des policiers, aussi. La minute de silence a été respectée dans son école, mais sans explication, je crois. Elle a posé plein de questions, au moment de la manifestation. Elle ne comprenait pas pourquoi il y avait tant de monde, s'ils étaient contents ou pas que les gens qui dessinent aient été tués. Alors on a redit. En France, on a le droit de dessiner

À Rosalie, j'ai beaucoup raconté, expliqué. Il y a eu des discussions, tous les jours ou presque. Elle en a beaucoup parlé à l'école, avec ses copains, avec son maître. J'ai récupéré les Petits Quotidiens et les Mon Quotidien des 8 et 9 janvier, nous les avons lus ensemble.
Elle a cherché des mots dans son dictionnaire (son meilleur cadeau d'anniv EVER pour ses 8 ans ; fin de la parenthèse) : prophète, terroriste, caricature, blasphème, entre autres. C'est comme ça qu'on a appris la différence entre un blasphème et un sacrilège (l'un est en paroles, l'autre en actes, si tu veux savoir).
On a beaucoup évoqué les religions. La laïcité.
La France est un pays laïque.
Cela signifie, à mon sens, que nous pouvons croire en dieu, et même qu'on peut choisir celui auquel nous voulons croire. Nous pouvons aussi ne pas croire en dieu. En France, chacun a la religion ou la non-religion qu'il souhaite. Et chacun a le droit de laisser les autres vivre comme ils l'entendent, sans que personne n'impose quoi que ce soit à qui que ce soit.
La religion n'est pas au-dessus des hommes et des femmes, en France. Elle ne dirige rien, si ce n'est les croyances personnelles de ceux et celles qui le veulent bien.
Je lui ai expliqué que les musulmans croyants se sentaient blessés par des moqueries sur leur prophète.
"Ben et alors ? Ils n'ont qu'à pas lire le journal ! Regarde, moi, je ne trouve pas les blagues de papa toujours drôles et je m'en fiche !".
C'est exactement ça.

Je ne crois pas en dieu, je ne comprends donc pas qu'on se sente vexé parce qu'on le critique. Et je me dis que si tu es bien dans tes baskets, si tu es sûr d'avoir raison, tu ne peux pas être ébranlé par un dessin.

J'ai trouvé l'argument choc, pour mes élèves un peu réticents à trouver dramatique ce qu'il s'est passé : qui respecte le moins Mahomet, ceux qui ne croient pas en lui et qui le dessinent, ou ceux qui croient en lui et tuent en son nom ?...
*Bam*, imparable.

N'empêche que ça fait à peine une semaine, et je me demande maintenant comment les choses vont évoluer. Ça me paraît si loin et tellement près !...

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