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Et pourquoi pas, dis ?
21 février 2017

Mon cher François

(Je sais pas toi, mais j'ai reçu une lettre, il y a quelques jours. Et moi, je suis bien élevée : j'essaye toujours de répondre à mon courrier...)

Mes chers compatriotes,
Râté, je ne suis ni con, ni patriote...

Au terme d'une campagne médiatique et politique d'une violence inouïe (ouh la, mollo, on en parle de la vraie violence ou pas ?!?), j'ai choisi de m'adresser directement à vous pour vous dire ma vérité. Euh... Mais la vérité, c'est la vérité, non ?... D'où la tienne est plus vraie que celle des autres ?!? C'est vrai, pendant quelques jours, la fureur des forces qui se sont déchaînées contre moi m'a laissé abasourdi (c'est maintenant qu'on pleure ou on attend encore un peu ?). Pourtant, j'ai décidé de ne rien céder aux intimidations et aux pressions (t'es vraiment trop fort).

J'ai choisi de me tenir debout face aux français, face à leur jugement.
T'es sûr de ne pas vouloir t'asseoir ?... Mais du coup, tu te tiendras debout aussi face aux juges, si je comprends bien ?

Je le sais, les accusations portées contre moi vous ont profondément troublés. Choqués, plutôt. On est resté abasourdis, nous aussi, pour ne rien te cacher, même si on n'avait pas beaucoup d'illusions sur ton comportement irréprochable, hein, sans vouloir te vexer. Ce trouble, je le comprends parfaitement (t'es mignon). J'ai donc souhaité clarifier les choses lundi dernier (alors pourquoi tu recommences à l'écrit ? Dis-toi que si on ne t'a pas écouté, ce n'est pas pour te lire, eh ouais) car je n'ai rien à vous cacher (essaye toujours, mais il semble que tu as eu des choses à nous cacher !) : ni le travail de mon épouse, dont j'ai détaillé les tâches effectuées pendant quinze années à mes côtés (je croyais qu'elle n'avait pas été ton assistante, je suis un peu perdue, j'avoue...) ; ni sa rémunération qui ne correspond pas aux montants spectaculaires (tu voulais dire indécents, sans doute ?...) jetés sur la place publique ; ni le rôle à mes côtés de nos deux enfants qui m'ont pendant plusieurs mois épaulé (raconte nous tout : étais-tu le genre de papa à récompenser une bonne note ou un service rendu par une petite pièce ? Moi, perso, non, mes filles mettent la table, vident le lave-vaisselle, rangent leurs chambres, travaillent à l'école pour rien du tout, si ce n'est ma reconnaissance et ma gratitude. En fait, mes filles m'épaulent gratuitement ; elles se font sans doute avoir et pourraient se dire qu'elles ne sont pas nées dans la bonne famille !! Cela dit, je ne juge pas les parents qui récompensent, chacun fait bien ce qu'il veut avec ses sous) (avec SES SOUS, tu vois, tout est dans le "SES") ; ni les activités de conseil que j'ai été amené à réaliser et qui n'ont évidemment pas jamais concerné un quelconque gouvernement étranger !
Tout est légal. Je t'arrête tout de suite : la légalité n'est PAS UN ARGUMENT. DU TOUT. Tout ce qui est légal n'est pas forcément bon à faire. Je te donne un exemple : ce n'est pas illégal d'aller faire cours à des élèves les mains dans les poches, sans avoir préparé le moindre exercice, ni la moindre progression, rien. Et ben tu vois, je ne le fais pas (oui, parce que je suis prof. Je t'entends d'ici penser "ah mais ouiiiii, ok, elle est de gauche !!! On s'en cogne de son avis, puisque de base, elle ne voterait pas pour moi !.." Excuse-moi, mais tu es venu me chercher dans ma boîte aux lettres, alors ne t'étonnes pas que je te réponde, aussi). Note que je pourrais le faire, être payée à ne rien faire (d'autres ne s'en privent pas), et que d'autres profs le font sans problème, mais éthiquement, je ne me sentirai pas à l'aise de le faire. Alors je m'abstiens. Pire, même, je dénonce ceux qui se permettent de faire ce truc, quoique légal, assez écoeurant.
C'est légal de boire de l'alcool, et pourtant, je ne me bourre pas la gueule toute la journée. Je ne fume pas de cigarette, alors que, Ô, incroyable, ce n'est pas illégal non plus !! C'est fou-fou, ça !! C'est légal de marcher à petits pas de fourmis, même dans les couloirs bondés du métro, et ben, devine quoi, je le fais pas non plus ! Pourquoi ? Parce que ça emmerderait tout le monde, pardi !!! 
Les sommes perçues ont été strictement déclarées aux impôts (j'ai envie de dire : encore heureux !!!), les revenus en découlant strictement imposés (ah, c'est peut-être maintenant qu'on pleure, en fin de compte ?..). J'ai souhaité que tout soit mis sur la table, que tout soit vérifiable et consultable. Oui, enfin on peut dire qu'on t'y a un tout petit peu poussé, aussi... Évidemment, j'attends désormais la même attitude de la part de mes concurrents. Que ceux qui donnent des leçons de démocratie se plient au même exercice de transparence ! Là, on est d'accord. ALLELUIA !!!!
En trente deux ans de vie politique, je n'ai jamais été mis en cause dans une affaire. Mouais... La preuve, hein ! Mais il faut un début à tout, remarque. J'ai toujours agi dans la stricte légalité et dans la plus parfaite honnêteté. Tu AVAIS, François, tu AVAIS agi dans la plus parfaite honnêteté, jusqu'à ce qu'on fasse éclater au grand jour que... Pas du tout. Oups. Mais j'ai commis une erreur : en travaillant avec mes proches, j'ai privilégié une collaboration de confiance qui, aujourd'hui, suscite la défiance. Le temps, l'époque, ont changé. Là, tu te méprends complètement : personne ne t'en veut d'avoir travaillé avec ta femme et tes enfants. S'ils étaient les plus compétents pour faire le boulot, il n'y a rien à redire. Sauf que... Il semblerait que ta femme n'ait pas fourni le travail pour lequel elle était rémunérée ET qu'elle ait été spectaculairement rémunérée, même. Et que tes enfants aient été payés plus qu'un enseignant à 15 ans de carrière (je prends les références que je connais, pardon). Étudiants vs Bac + 5 et 15 ans d'expérience, tu vois le malaise, là ?... Encore une fois, ce n'est pas répréhensible de travailler avec sa famille. Mais tu vois, quand j'ai eu des enfants, j'ai choisi de faire confiance à des personnes compétentes pour s'en occuper, pas de les confier à ma famille. Même si j'ai confiance en ma famille, hein, mais ce n'est pas leur boulot, de garder des enfants... Je n'aurais pas osé payer ma mère ou mon père avec l'argent de la CAF si ils n'avaient pas vraiment gardé mes filles non plus, tu vois (re)... J'ai décidé de mon propre chef d'interrompre cette collaboration en 2013 (Ok, mais tu ne l'as pas interrompu parce que tu trouvais ça d'une éthique douteuse, mais parce que je sais pas quoi, d'ailleurs... Pourquoi avoir arrêté ? Oh, attends, serait-ce parce qu'en 2013, tu n'étais plus parlementaire ?... J'dis ça, j'dis rien..) J'aurais sans doute du le faire avant (non, tu n'aurais pas du le faire DU TOUT). Je vous dois donc des excuses (ben pourquoi, si tu n'as rien à te reprocher ?!?).
Tu sais ce qui est le pire, dans tout ce qui t'arrive ? C'est que tu essayes encore de nous convaincre qu'on te veut du mal. Que les journalistes ne sont rien que des méchants qui ne font rien qu'à t'embêter. Arrête tes bétises, François. Tu frises le ridicule. Évidemment que ça te fait mal au c... que cette affaire sorte maintenant, à ce tournant-là de ta vie. Tu as vécu une victoire écrasante aux primaires, un vrai succès, je comprends que tu te sois senti pousser des ailes et que ça te chagrine de devoir renoncer à cette aventure, si proche du but.. Mais la vraie question est -je me permets de la poser- : pourquoi ça n'a pas été su plus tôt ? Pourquoi t'a-t-on laissé le droit de gouverner, de faire de la politique, de prendre des décisions pour tes con-patriotes etc, alors même que tu n'hésites pas à dépenser de façon "spectaculaire" l'argent de l'État ?
Tu vois, si je suis aussi énervée, c'est que tu m'énerves, aussi. L'argent de l'État, justement, il sert à payer mon salaire, par exemple. Mon -banal- -enfin pas spectaculaire, quoi- salaire de prof. Et toi, tu dépenses de l'argent qui pourrait financer un tas d'autres gens profs comme moi. Si tu savais comme on manque de profs sur le terrain !... T'as pas idée !... Ces mêmes profs que tu veux dézinguer.
(La phrase précédente est encore valable avec infirmiers ; policiers ; et autres fonctionnaires d'état, donc).
Honnêtement, puisque tu parles d'honnêteté, comment peux-tu encore nous servir le côté "droit dans mes bottes" ? Tu n'as donc pas honte ??? Je sais pas, moi, tu as fait une connerie, tu as été grillé, la moindre des choses serait de faire profil bas, tu ne crois pas ? Et de te retirer. Là, tu aurais le mérite d'annoncer haut et fort que les pratiques qui ne sont pas éthiques, qui sont choquantes bien que légales, ne doivent plus exister. Sans doute qu'on serait bien dans la merde, et qu'il ne resterait plus grand-monde pour se présenter à l'élection présidentielle. C'est vrai. Mais tu sais quoi ? Je crois qu'on est prêts, à passer à autre chose. Nuit Debout ; Demain ; BleuBlancZèbre ; les citoyens sont en mouvement, et ce serait très aimable de ta part de les laisser s'exprimer enfin. POUR DE VRAI.

Désormais, c'est à vous de décider et à vous seuls. Faites-le en conscience et faites-le avec exigence.
Oui, mais tu sais, c'était déjà le cas avant : on est les seuls décideurs de notre avis propre. Mais c'est gentil de nous le rappeler.

Exigez ce droit que personne ne saurait vous confisquer : le droit à une campagne loyale, sans coups bas ni coups montés (ahahahahAHAHAHAHAH, tu permets que je me marre, là ?), à l'issue de laquelle vous serez amenés à faire un choix crucial, sans doute le plus important de ces trente dernières années. Ah bon ?!? La France est à un carrefour de son histoire. Trois voies s'offrent à elle. Les deux premières ne sont en réalités que deux impasses. C'est l'impasse du déclassement économique et de la désunion nationale dans laquelle Marine Le Pen entraînerait le peuple français. Mais c'est aussi l'impasse du vide programmatique, celle qu'a choisie Emmanuel Macron. Ce dernier vient d'affirmer qu'il n'existe pas de culture française. Et bien moi, je considère qu'il existe une culture française. Une culture que nous devons défendre parce que nous sommes fiers de ce qu'elle a fait de nous, mais plus encore parce que c'est d'elle que dépend notre avenir. Et donc la troisième voie, c'est la culture française. Okay. Non, non, rien. Rien, j'ai dit. Ça me réjouit pour les intermittents, ça, d'un coup.
Mais dis donc : Benoît Hamon, il sent le pâté ? Yannick Jadot ? Jean-Luc Mélanchon ? Charlotte Marchandise ? Ils comptent pour du beurre ?!???
Remarque, dans un sens oui, vu comme tes conneries occupent la place publique, on a du mal à en entendre certains.

Un peuple fier dans une France libre, c'est ce projet que je vais continuer à porter.
Ça va pas être facile-facile d'être fier si tu es élu, je suis navrée de te l'apprendre...

C'est la voie de cet avenir que je vous propose d'emprunter ensemble. Non merci. Mais passe devant, on verra bien si je te suis. (Hmm... Non). La voie de la liberté pour lutter contre le chômage de masse, pour redresser une économie asphyxiée par le poids des taxes et des normes. Ahem. Voici typiquement le genre de phrases qui ne veulent rien dire. La liberté pour lutter contre le chômage. Euh.... Quelqu'un a compris ?!? La voie de la fierté également, pour rassembler le peuple français et réaffirmer ce que nous sommes face aux grandes puissances du monde, face au totalitarisme islamique. Un peuple fier dans une France libre, c'est ce projet que je vais continuer à porter. Une France libre dans laquelle tu demandes aux autres de faire des efforts, pour le bien de la France. Des efforts financiers alors que tu as sans aucun scrupule (ou peut-être que si, en fait, j'en sais rien, après tout) donné un salaire à des personnes qui ne faisaient rien pour le mériter, si ce n'est partager tes petits-déjeuners. Une France libre, mais pas pour tout le monde, on dirait. Rien n'ébranlera ma volonté. Rien ne me détournera des vrais enjeux de cette campagne présidentielle : le redressement de la France et le rassemblement des français. Râté !

Fidèlement,

François Fillon
Julie

ps : j'ai une dernière question : je suis la seule à qui tu as écrit une bafouille d'excuses ?
Non, je demande ça parce que... Tu n'avais pas autre chose à faire ??? Je veux dire : combien ça coûte, d'envoyer ce genre de lettres aux con-patriotes ?!? Et combien de temps ça prend ?
Et enfin : crois-tu vraiment que ça va faire changer d'avis les français qui ont été outrés par cette histoire ?
La France libre est partagée en deux : ceux qui voteraient pour toi quoiqu'il arrive, et là, tu peux y aller ; et ceux qui ne voteraient jamais pour toi, même si tout ça n'était pas arrivé, et là tu peux te brosser. Alors tu vois, tes excuses, tu peux te les garder. Merci bien.
Cordialement.

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