La saturation

De mon boulot de prof, j'aime particulièrement le contact avec les élèves.

Et, je ne vais pas mentir, les nombreux jours de congé dont nous bénéficions. Alors on va être très clair : la plupart du temps (comprendre "aux ptites vacances"), je les prends comme des jours de récup. J'en profite pour bosser un peu, mais surtout recharger les batteries pour tenir le coup. Quiconque a des enfans scolarisés a déjà pensé "vivement les vacances, il/elle est cuit(e) !...". Et ben *SCOOP* c'est pareil pour la maîtresse ou le prof !!! Si !!!!

Bref.

J'apprécie drôlement les congés, je disais, surtout l'été où pouvoir prendre le temps est un luxe dont je me délecte chaque année.

Et quand je vois certains de mes copains qui ont un emploi du temps minuté pour que leurs enfants soient casés (une semaine chez les grands-parents, quelques jours au centre aéré, deux semaines avec les parents, une semaine avec seulement le papa, une semaine avec la tata, re-le centre aéré...), je me dis que j'ai une chance folle de ne pas avoir à me casser la tête pour faire rentrer un planning de force dans mon été.

Je n'ai pas le problème de savoir ce que je fais de mes filles.

Revers de la médaille : je les ai tout le temps avec moi.
Il se trouve que je pourrais très bien les mettre en centre aéré, c'est vrai. Mais ce que je préfère au monde, c'est ne pas mettre de réveil le matin. Encore moins pendant les vacances...
Il se trouve que je pourrais les confier à leurs grands-parents, et ça arrive, mais c'est très ponctuel. D'abord, mes parents sont d'anciens profs, et ils fonctionnent toujours en vacances scolaires. Ils partent donc en vacances en juillet/août, avec leurs amis. Ensuite, mes beaux-parents ne sont pas encore à la retraite, et posent donc leurs quelques congés hors saison.
J'ai donc mes filles avec moi quasiment du 8 juillet au 30 août.

Abibi a beaucoup plus de congés que les 5 semaines réglementaires, ce qui est génial, car cela nous permet de passer beaucoup de temps en famille, ou avec des amis, et cela contribue à notre équilibre.

Il y a quand-même des semaines où je suis évidemment seule avec elles. La plupart du temps, j'apprécie.
Mais là, je sature.

J'ai essayé d'y réfléchir, parce que dans le fond, je trouve ça sacrément moche de ne pas toujours savourer les moments que j'ai avec elles. Et je crois que c'est en partie lié à l'adoleschiance de Rosalie.

Pour la première année, elle a demandé à ne pas être avec les "enfants" (EH OH, t'es quoi, toi, si t'es pas une enfant ?!??), à manger à notre table, à participer à nos apéros, à jouer au tarot et autres jeux. Jusque là, elle était la grande parmi les petits, et s'en moquait un peu. Mais cet été, du haut de ses 12 ans et demi et son physique de grande (elle fait presque ma taille, et tout le monde la croit beaucoup plus âgée qu'elle n'est en réalité), elle n'avait plus envie de se retrouver avec des 8 ans et moins au moment des repas, ou dans les jeux.

Je savais que ça allait arriver, je continue de trouver chouette de la voir grandir, mais je me suis retrouvée dans la situation où tous les enfants présents jouaient ensemble, et elle, elle s'ennuyait, donc elle restait collée à moi, pendant que je prenais un verre / discutais avec mes copines / racontais des conneries. Et je dois dire que d'une, je suis différente quand mes filles sont dans les parages, et de deux, je n'ai pas envie "d'imposer" mon adoleschiante à tout le monde...

Je n'ai pas aimé devoir lui dire que non, je n'avais pas envie qu'elle mange avec nous. Que j'apprécierais vraiment de pouvoir discuter sans qu'elle me coupe la parole. Que je n'ai pas envie là, tout de suite, de faire un jeu avec elle parce qu'elle s'ennuie, alors que moi, je ne m'ennuie pas.

J'ai toujours essayé de lui expliquer gentiment, et aussi de prendre du temps avec elle, mais ça m'a pesé.

Samedi, ma mère part à l'Île de Ré avec Maïté et son cousin et sa cousine du même âge (elle fait un groupe 2012 !). Elle a proposé de prendre avec elle deux des grands parmis les cousins (après, il n'y avait plus de place dans la voiture !). Rosalie fait donc partie du voyage, avec sa cousine qui a deux ans de plus qu'elle.
Anita, quand à elle, va chez ma soeur en train, pour passer une semaine à ses cousins qui ne sont ni de 2012, ni les plus grands.

Donc samedi, vers 17h, je n'aurais plus d'enfants pour une semaine. Et je peux te dire que j'attends ça avec impatience, pour recharger les batteries avant d'attaquer la rentrée et son lot de speeditude.

Yeah !